Pour la défense des reliques

Je me suis souvent interrogé sur la persistance du débat autour des guitares « reliques », ces instruments conçus pour paraître anciens. Cette pratique est répandue depuis des décennies, et pourtant, elle continue de susciter des discussions.

Il est vrai que les guitaristes ont tendance à être conservateurs, même s’ils jouent sur des instruments électriques, parfois extravagants et assourdissants. Cette réticence au changement est évidente dans leur réaction face aux innovations comme les guitares à sept cordes, présentes sur le marché depuis plus de 30 ans, ou le système Floyd Rose, existant depuis plus de 40 ans. N’évoquons même pas la tentative de Gibson de rendre les Les Paul plus faciles à jouer. Il semblerait que nous, guitaristes, soyons enclins à une certaine superstition, préférant que nos instruments restent similaires aux modèles des années 1950.

Cependant, pourquoi une telle controverse entoure-t-elle les guitares « reliquées » de Fender ou les créations du Murphy Lab de Gibson ? Après tout, tout le monde ne peut pas s’offrir des guitares classiques des années 50 et 60 avec leur vécu.

Certains diront que les éraflures doivent être méritées, mais en quoi cela importe-t-il ? Une rayure reste une rayure, qu’elle soit l’œuvre d’un luthier qualifié ou le résultat d’un accident. Et une guitare neuve avec une égratignure accidentelle n’acquiert pas plus de valeur pour autant.

Mon point de vue est que l’esthétique d’une guitare ne concerne que son propriétaire.

Je suis favorable aux guitares « reliquées », bien que je n’en possède pas. Avoir joué sur des guitares vintage révèle leur grande variabilité, certaines étant franchement médiocres. Et si vous entrez dans le marché du vintage à bas prix, vous risquez de vous retrouver avec des instruments délaissés par ceux qui ont les moyens de choisir.

De plus, l’expérience avec de véritables guitares vintage montre que l’usure peut améliorer certains aspects, comme l’adoucissement des bords de la touche ou le vieillissement de l’arrière du manche, éliminant la sensation collante d’origine. Les fabricants ont certes développé des finitions satinées ou huilées et portent une attention particulière aux bords des frettes, mais il y a quelque chose d’unique dans la sensation d’un manche « reliqué ».

Peut-être que l’aspect usé d’un corps de guitare ne vous convient pas, mais si vous essayez un manche reliqué bien fait, vous pourriez trouver que son toucher surpasse vos préjugés contre son apparence. En fin de compte, de nombreuses opinions sont basées sur des apparences ou des idées préconçues, sans expérience concrète. Ne laissez donc pas les critiques sur les réseaux sociaux dicter ce que vous devriez jouer. Ne choisissez pas votre matériel pour impressionner autrui ou basé uniquement sur des spécifications techniques. Les guitares sont des objets très personnels, et souvent, on ne sait vraiment si on apprécie un instrument qu’après l’avoir véritablement joué.

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