Imaginez-vous en 1985. Les années 80 battent leur plein, les cheveux sont crêpés, et dans le monde de la guitare électrique, c’est l’époque des « superstrats » – ces Stratocaster survitaminées avec leurs Floyd Rose et leurs micros surpuissants. Mais au milieu de cette frénésie, un certain Paul Reed Smith décide de faire les choses différemment. Il lance sa première guitare de production : la Custom 24. Quarante ans plus tard, cette guitare continue de faire vibrer les cœurs des guitaristes du monde entier.
Une philosophie différente dans un monde de superstrats
Quand tout le monde se ruait sur les guitares aux corps sculptés et aux ponts flottants extrêmes, Paul Reed Smith a eu une approche plus subtile. Sa Custom 24 (appelée simplement « Custom » à l’origine) proposait quelque chose d’unique : marier l’élégance visuelle des guitares vintage avec les performances modernes que réclamaient les musiciens de l’époque.
Le pari était audacieux. Plutôt que de suivre la mode des manches vissés, Smith a opté pour un manche collé, offrant un sustain plus riche et une résonance plus organique. Cette décision technique, apparemment anodine, allait définir le caractère distinctif de toutes les PRS qui suivraient.

L’équilibre parfait des caractéristiques
Ce qui rend la Custom 24 si spéciale, c’est son approche de l’équilibre. Prenez la longueur de diapason de 25 pouces : elle se situe exactement entre les 24,75 pouces d’une Gibson (plus souples sous les doigts) et les 25,5 pouces d’une Fender (plus percutantes et twangy). Le résultat ? Une guitare qui offre le meilleur des deux mondes.
Les 24 frettes permettent d’accéder à deux octaves complètes, tandis que le système de vibrato PRS, non-bloquant, maintient l’accordage stable sans sacrifier l’expressivité. Les micros humbuckers Standard Treble et Standard Bass, conçus par Smith lui-même, complètent ce package avec un son riche et polyvalent.
Une évolution constante
Paul Reed Smith n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Au fil des décennies, la Custom 24 a bénéficié d’améliorations constantes. Le système de vibrato a été peaufiné, les mécaniques améliorées, et les micros ont évolué pour répondre aux besoins changeants des musiciens.
Le changement le plus notable est survenu en 2011 avec l’adoption d’un nouveau schéma de contrôles : volume général, tonalité générale et sélecteur à lame 5 positions, remplaçant l’ancien système avec le sélecteur rotatif et le fameux « sweet switch » qui simulait l’effet d’un long câble.
Des bois d’exception
L’une des signatures de PRS, c’est la qualité exceptionnelle des bois utilisés. Les tables en érable flammé fortement veinées sur des corps en acajou une pièce créent non seulement un spectacle visuel saisissant, mais contribuent aussi significativement au caractère sonore de l’instrument.
Les collectionneurs recherchent particulièrement les modèles d’avant 1991, quand les manches étaient encore équipés de touches en palissandre du Brésil. Les incrustations « Birds » (oiseaux) des premiers modèles sont également très prisées, davantage que les incrustations rondes « Moon » qui ont suivi.
Des utilisateurs de renom
La polyvalence de la Custom 24 transparaît dans la diversité de ses utilisateurs célèbres :
• Ted Nugent et Al Di Meola – parmi les premiers adopteurs, montrant déjà la versatilité rock/fusion de l’instrument • Mikael Åkerfeldt (Opeth) – pour les sonorités prog-metal complexes
• Mike Einziger (Incubus) – apportant cette signature PRS au rock alternatif • Mike Shinoda et Brad Delson (Linkin Park) – dans l’univers nu-metal • Mark Holcomb (Periphery) et Ryan Knight (Black Dahlia Murder) – pour les styles metal modernes les plus exigeants.
Un héritage durable
Quarante ans après sa création, la PRS Custom 24 reste une référence. Elle a réussi ce que peu d’instruments accomplissent : créer sa propre catégorie. Ni tout à fait Gibson, ni tout à fait Fender, elle occupe un territoire unique qui continue d’attirer de nouveaux adeptes.
Aujourd’hui disponible en plusieurs variations (SE pour les budgets serrés, versions Floyd Rose ou piezo pour les besoins spécifiques), la Custom 24 prouve qu’une bonne idée, bien exécutée et constamment améliorée, peut traverser les décennies sans prendre une ride.
Dans un monde où les tendances changent rapidement, la longévité de la Custom 24 témoigne d’une vérité simple : quand on trouve le bon équilibre entre tradition et innovation, on crée quelque chose d’intemporel. Et Paul Reed Smith peut être fier d’avoir apporté cette contribution durable à l’univers de la guitare électrique.